Normopathes et peuples autochtones

A l’heure de l’anthropocène où l’humain semble vouloir défier les lois de la nature, nous pouvons observer les effets ravageurs du dépassement des limites conformes aux principes du vivant : crise écologique et sociétale, crise des valeurs traditionnelles, malaise dans la civilisation avec augmentation des maladies et des troubles psychiques comme la perte de sens existentiel, le burnout, les addictions, l’anxiété généralisée, l’isolement social, tout cela poussant parfois jusqu’au suicide…

Parallèlement à cela il existe 370 millions de personnes réparties sur un quart du territoire mondial qui représentent les peuples autochtones et qui continuent de défendre leurs traditions connectées à l’environnement et préservant l’équilibre et l’harmonie globale. Aller à la rencontre de ces peuples n’est pas une fuite exotique ou une idéalisation de leurs pratiques mais une quête anthropologique participative qui se veut capable de recueillir leur sagesse qu’ils ont à nous transmettre, loin de tout cliché néo chamanique teinté de déviances new age… D’ailleurs, le discernement est de mise car bon nombre d’entre eux soufrent déjà de l’accaparement de leurs terres, du tourisme et du développement industriel : développement des pathologies cardiovasculaires, du diabète et des cancers, de la tuberculose, des addictions aux drogues et à l’alcool et augmentation des suicides. Certains faux chamans profitent aussi de la détresse des occidentaux pour faire commerce notamment avec l’attrait des plantes psychédéliques alors que les véritables hommes et femmes médecine ou guérisseurs traditionnels prônent paradoxalement plutôt l’usage des diètes de plantes non psychothropes et d’autres moyens de restauration du vivant en soi comme le tambour ou la hutte à sudation, les chants ou les danses par exemple…

Pour les Lakotas et les Navaros d’Amérique, les Kabagas et les Kogis de Colombie, les Maasaï du Kenya, les Quechuas d’Amazonie ou les chamans de Sibérie, chaque individu doit garder sa connexion à la grande toile du vivant et est éduqué dans ce sens dès sa naissance de façon à ce que son potentiel et ses talents lui permettent de trouver sa place dans la communauté. Les enfants sont immergés dans l’espace naturel avec leurs cinq sens en éveil face aux différents règnes (humain, végétal, animal et minéral ) ainsi qu’aux éléments (la terre, l’eau, le feu et l’air) ce qui leur permet de rester dans un état élargi de conscience tout en apprenant à exprimer librement leurs émotions dès le plus jeune âge… Des rituels spécifiques et réalisés dans un cadre sacré marquent les passages importants comme la puberté, le mariage, les naissances, la ménopause, les saisons ou la reconnaissance par les anciens (détenant la sagesse ancestrale et l’accès aux plans des mondes invisibles) de certains jeunes pouvant à leur tour devenir responsables et gardiens pour maintenir l’ordre du monde. Seulement ceux qui auront su traverser toutes les souffrances et épreuves de vie (perte, maladie, illusions etc…) y parviendront. Les autres sont sensés maintenir leur connexion harmonieuse avec la vie à travers les tâches du quotidien où chacun sait ce qu’il a à faire dans une écoute très intériorisée de leur être profond favorisant un état de paix et de joie et où les décisions collectives sont prises dans des cercles de parole à partir d’intentions claires et où chacun veille à l’expression dans une parole juste de ses propres pensées, ce qui rappelle un des fameux accords Toltèques « Que ta parole soit impeccable ». Si des émotions difficiles se présentent, elles peuvent être accueillies dans un climat de bienveillance et les nœuds liés aux blessures peuvent être dissous par différentes pratiques traditionnelles.

Ces observations ont déjà été sources d’inspiration pour les occidentaux ces dernières années avec l’émergence des intelligences collectives, des gouvernances partagées ainsi que des thérapies communautaires ou des pratiques de justice restauratrice par exemple… Il reste à chacun la responsabilité de s’y intéresser et de voir comment l’intégrer en fonction de là où il en est dans son parcours de vie…

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Source : « Sagesses d’ailleurs » et « Ce que les peuples racines ont à nous dire » de Frederika Van Ingen